Petit électroménager : au-delà de la créativité, la santé
25 septembre 2017
Au plaisir de préparer soi-même s’ajoute un nouveau driver incitant le consommateur à investir dans le petit-électroménager culinaire : la volonté de se nourrir sainement et de maîtriser le contenu de la préparation. Un phénomène qui s’inscrit plus largement dans une tendance à la consommation consciencieuse et favorisant l’antigaspillage.
Le “fait maison” affermit ses bases et compte de plus en plus
d’aficionados depuis trois ans environ. Si auparavant, le message
qui l’accompagnait était fondé sur la créativité, la prépondérance
de l’aspect bien-être va en se confirmant.
« Nous avions compris en 2011, à la suite de notre étude sur la tendance
“fait maison”, que celle-ci reposait principalement sur le plaisir et la convivialité,
décrypte Damien Chicaud, directeur des études et des statistiques
du Gifam, l’organisation fédératrice de l’industrie des appareils
ménagers. Pour près de 80 % des répondants, le “fait maison” puise
aussi sa motivation dans la transmission familiale autour de la cuisine. Un
autre moteur fort qui va en s’accentuant est la préoccupation du consommateur
relative à la qualité de ce qu’il mange, avec une tendance accrue
en faveur des produits frais et bruts au détriment des surgelés.
Ce double mouvement a permis aux
appareils de préparation
culinaire de décoller.
» Une prise
de conscience
concernant le
caractère dé-
létère à terme
de la nourriture
industrielle, dont le caractère excessivement gras, salé ou sucré est régulièrement pointé,
est donc observée, sans doute en partie en raison de plusieurs
scandales alimentaires. L’année 2013 a vu à elle seule l’affaire Spanghero
(viande chevaline vendue à la place de viande bovine, avec la
mise en cause de nombreuses sociétés agroalimentaires), le scandale
des tartes Ikea présentant un niveau excessif de bactéries coliformes
(donc contenant potentiellement des matières fécales) et celle du
trafic de chevaux de laboratoire vendus en boucherie.
Depuis trois ans environ, le secteur du PEM culinaire connaît un
coup d’accélérateur, stimulé par des consommateurs qui souhaitent
contrôler et maîtriser ce qu’ils vont ingérer, eux ou leurs enfants. La
famille des robots multifonctions enregistre une progression supérieure à 19 % pour l’année 2016 (versus 32 % en 2015, 24,6 % en
2014), avec 700 000 appareils vendus. Autre performance, non des
moindres, à citer: celle de la famille des extracteurs de jus et des centrifugeuses,
qui a généré 30 millions d’euros de chiffre d’affaires (sortie
de caisse) en 2016,
avec 240 000 appareils
vendus pour une progression
supérieure à
71 %.
Autrement dit,
une niche en passe de
devenir un vrai marché.
Avec en toile de
fond des appareils qui
gagnent en fonctionnalités.
« Les consommateurs
voyagent,
changent, s’informent,
sont connectés, recherchent
une expérience, sont attentifs
à ce qu’ils mangent,
à leur santé, à l’origine
des produits qu’ils
achètent, échangent
sur les réseaux sociaux.
Leur façon d’acheter, de
conserver et de préparer
leur nourriture évolue
sans cesse et nous incite,
nous fabricants de préparateurs culinaires, à
nous remettre sans cesse en question afin d’apporter les meilleures
solutions à leur nouvelle façon
de consommer », indique-t-on chez
Kenwood.
Le vendeur joue un rôle
essentiel pour aider le client à
choisir son robot selon ses habiletés
culinaires et son mode de vie
Un impact positif
sur le comportement
alimentaire
Une alimentation saine est corrélée
avec un risque diminué de surpoids
ou d’obésité, ainsi qu’aux maladies
chroniques qui en découlent.
La littérature scientifique associe
d’ailleurs généralement la fré-
quence des repas en famille à une
consommation accrue de fruits et
de légumes, de produits laitiers et
une faible proportion de nourriture
industrielle. Certaines études
suggèrent que les bénéfices liés aux
repas auraient tendance à subsister
à l’adolescence et au début de
l’âge adulte. Sans oublier que la préparation et la consommation
des repas ensemble s’accompagnent de la transmission des habiletés
culinaires… Plaisir, partage, convivialité et santé : si les fabricants
ordonnancent ces critères chacun à leur manière, ils n’en sont pas moins unanimes sur l’importance
du caractère healthy
comme motivation d’achat,
qui va croissant depuis trois ans
environ.
Sain, mais aussi facile
et gourmand
« Nos études de consommation prospectives mettent clairement en évidence
le “manger sain” comme un driver d’achat, confirme Céline Comerc,
directrice marketing France du groupe Seb. C’est vrai pour la France,
mais pas uniquement. Le côté healthy est l’une des premières motivations
chez les consommateurs. A condition que cela aille dans le sens du gourmand
et de la facilité. Tous nos produits encouragent donc le faire soi-même,
avec un curseur poussé plus ou moins loin selon les familles de produits. »
D’autres vont jusqu’à en faire un axe de développement, voire une
philosophie. C’est par exemple le cas de Wismer.
« Plus qu’une étude
de marché, nous réalisons notre sélection de PEM pour fournir au consommateur
les outils qui leur permettent d’être en bonne santé, souligne JeanJacques
Wismer, dirigeant de la société. Convaincus que la nourriture
est l’essence de la vie et du corps, nous recherchons et développons des
produits qui permettent d’extraire les substances qui permettent d’éviter les
carences alimentaires.
C’est une attente forte chez plusieurs communautés
qui se sont formées : végétariens, flexitariens, vegans, etc. » Chez Riviera
& Bar, une gamme dédiée, Health, réunit les produits innovants de la
marque permettant de concilier la nutrition et la vitalité. « Ce concept
a été lancé en 2015 sur la base du développement du Milxxer, un préparateur de boissons végétales, rappelle Yves Delzenne, directeur général
de Riviera & Bar. Nous l’avons voulu expert et ludique, et déployé avec
d’autres produits, tels que l’extracteur de jus et le blender. Notre challenge
consiste aujourd’hui à intéresser les revendeurs à la mise en place d’espaces
autour de nos produits Health. »
Et quand l’appareil concilie le côté santé avec une autonomie
maximale, le succès est au rendez-vous.
C’est notamment le cas
du Cookeo de Moulinex (groupe Seb), lancé en 2014 et disponible
dans tous les réseaux, qui devrait franchir le cap du millionième
appareil vendu cette année. Ces appareils sont plébiscités par les
consommateurs car ils offrent, sous réserve du respect de la recette,
un plat réussi à chaque fois. De plus, qui dit délégation à l’appareil
dit cuisson maîtrisée (voir encadré), non plus dans l’approximation
mais à la seconde et au degré près, donc un résultat qualitatif sur les
plans nutritif et gustatif.
Un plus pour les consommateurs allergiques
Les fabricants poussent même l’exercice plus loin que le simple
“manger sain”. Car avec des appareils offrant une palette de recettes
extrêmement large, ils s’adressent non seulement aux consommateurs
soucieux de leur nutrition, mais aussi à ceux qui souffrent d’intolérances
alimentaires, voire de maladies chroniques. Chez Lagrange
par exemple, la yaourtière-fromagère est en deuxième position des
meilleures ventes. « Les résultats de cet appareil est certes poussé par la
tendance du breakfast bowl mais séduit également les personnes allergiques au lactose, note Anne Thieblemont, chargée de communication chez
Lagrange. Il leur permet en effet de réaliser leurs propres laitages à base
de soja ou de lait de brebis, l’offre en la matière n’étant pas forcément
variée en grande surface… » Un point non négligeable, au regard de
la proportion – 30 à 50 % – d’adultes en France ayant une digestion
incomplète du lactose (source : Assurance maladie).
Chez Riviera & Bar, c’est le programme “sans gluten” lancé dès
2006 sur les machines à pain qui fait s’envoler les ventes de cet appareil.
« Nous n’imaginions alors pas que cela prendrait une telle ampleur,
reconnaît Yves Delzenne. Nous en avons vendu entre 80 000 et 100 000
alors même que le marché chutait. Nous continuons donc de développer
cette famille de produits avec des programmes “sans gluten” et personnalisés
en termes de temps de levage et de cuisson. »
"Manger sainement ne nécessite pas
de modifier ses menus, mais la façon
dont ceux-ci sont préparés"
Un livre de recette adapté à l’appareil
Parce qu’il importe que la première utilisation de l’appareil soit fructueuse
et pour que celui-ci soit un allié quotidien de son utilisateur,
un soin particulier est apporté au livre de recettes qui l’accompagne.
« Celui-ci est offert avec le produit, réalisé pour certains par des diététiciens
ou des nutritionnistes, ou par des chefs étoilés », constate Anne-Lise
Ferrando, chef de produits chez Culinarion. Wismer a par exemple lié
un partenariat avec le chef Jean-Luc Rabanel, précurseur du manger
sain qui fonde son travail sur le végétal, pour tester ses appareils.
Et c’est un véritable écosystème qui se développe autour de l’appareil,
avec le déploiement d’applications chez certains fabricants,
l’animation de pages sur les réseaux sociaux, la production de vidéos
ou d’ouvrages pour accompagner
les utilisateurs dans
la réalisation de leur préparation…
et des contenus générés
par les utilisateurs des appareils
eux-mêmes de façon autonome.
Magimix a par exemple vu se
constituer un groupe indépendant
sur Facebook avec une
page destinée au partage des recettes autour du Cook Expert, à
l’initiative de détenteurs de ce robot. « Il y a une dimension communautaire
autour de l’appareil, y compris autour du manger sain », observe
Edouard de Jenlis, DG de Magimix.
Riviera & Bar a pour sa part fondé la communauté Happy Juice,
en partenariat avec Joe Cross, ancien trader atteint d’une maladie
auto-immune et obèse, qui a perdu 40 kg grâce à une cure de fruits
et de légumes et une centrifugeuse.
Le site happy-juice.fr s’adresse
aux détenteurs d’une centrifugeuse ou d’un extracteur de jus quelle que soit sa marque. Il comporte non seulement un aspect coaching
à visée diététique ou de rééquilibrage alimentaire (en collaboration
avec un nutritionniste), mais permet aussi aux consommateurs d’élaborer
au jour le jour des recettes en cochant les ingrédients dont
il dispose à ce moment-là. Là encore, la possibilité est offerte de
partager ses recettes
La cuisson maîtrisée est garante
d’un résultat réussi sur les plans
nutritionnel et gustatif
Pour les distributeurs, un terrain à occuper ?
Un appareil qui satisfait le consommateur est celui qu’il maîtrise,
qu’il utilise régulièrement et convenablement, et dont il retire du
plaisir gustatif. « Manger sain ne nécessite pas forcément de modifier
ses menus, mais la façon dont ceux-ci sont préparés », rassure Solveig
Darrigo-Dartinet, diététicienne-nutritionniste. Réussir sa recette requiert
un peu de maîtrise de son appareil, qui doit dépendre de la façon
dont on aime cuisiner. Il importe donc de réaliser des démonstrations et que
les clients mettent la main à la pâte pour apprendre. »
Une fois encore, les ateliers de mise en service de l’appareil et les
animations en comité restreint seront des atouts pour les détaillants :
fidélisation de la clientèle, instauration d’une relation de confiance,
échanges, expériences, etc. Une vraie plus-value par rapport au
web, et pourquoi pas l’opportunité de rejoindre, voire former, une
communauté ?
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