Dossier

La nouvelle table des matières

20 juin 2022

Bois et céramique en tête, l’art de la table opère un retour à l’artisanat et aux savoir-faire autour de matériaux à l’allure rustique mais chic. Objectif : valoriser l’histoire des maisons anciennes pour mieux sensibiliser et séduire les consommateurs.

C’ est un fait, il y a une prise de conscience au global en France sur la préservation des savoir-faire, note Tiphaine Chouillet, fondatrice du studio de design La Racine, dédié aux fabricants français. Cette question est croissante depuis 3 ans environ et va de pair avec la tendance du made in France pour laquelle le consommateur est plus ouvert et attentif. » Et plus que jamais, cet été les initiatives sont multiples de la part des maisons pour mettre en avant leur savoir-faire mais remis au goût du jour. 

LE BOIS NE FAIBLIT PAS 

L’un des matériaux phares du moment est sans aucun doute le bois. Chaleureux, rustique, authentique, les adjectifs ne manquent pas pour le qualifier.

Présent en coutellerie, en accessoires de cuisine, en contenant, le bois est LA touche artisanale qui fait vendre. « Le bois d’olivier est indéniablement une matière recherchée par le consommateur et les demandes clients sont en croissance constante, confie Fanny Montagnon, sales manager de la gamme Élégance chez AFC. Il y a plusieurs raisons à cela : sa durabilité, sa noblesse, la connaissance de la matière première qui est également antibactérienne, esthétique dans une version traditionnelle modernisée. En boutique, le bois est représentatif des terres du Sud. Il évoque le soleil. C’est en outre un matériau de qualité, écoresponsable, fait pour durer. »

Hêtre, bois d’olivier, manguier, acacia, le bois multiplie les propositions et les formes selon son usage final. « Le bois d’olivier a toujours été présent sur le marché, poursuit Fanny Montagnon. Cependant, s’il y a 30 ans, on cherchait principalement l’aspect pratique des choses, aujourd’hui on est davantage sur la sobriété, sur le style scandinave épuré.

Saladier en bois de manguier au bord ondulé, Be Home. Prix de vente conseillé : 49,90 €.

C’est là que l’olivier blanc intervient, et c’est une des raisons qui a justifié la valorisation de cette matière première qui avant ne correspondait pas au cahier des charges esthétique. » Idem chez Bérard France qui renouvelle l’image du bois d’olivier en l’associant à de nouveaux matériaux comme le béton ou le métal. Un effet bimatière qui permet de faire évoluer l’aspect millénaire du bois et que la marque travaille depuis 1892.

« Le consommateur est en recherche de produits et d’objets qui ont du sens, de l’âme, complète Tiphaine Chouillet, du studio de design La Racine. Le bois correspond tout à fait à cette attente. » Ainsi, l’entreprise Chabret avec ses 140 ans de savoir-faire, propose des billots et des planches de découpe en bois “de bout” qui est particulièrement reconnu pour résister aux chocs et aux coups de lames, évitant ainsi les effritements et les cassures des plans de découpe. 

Certifié EPV depuis 2008, Chabret utilise uniquement du bois de charme et hêtre 100 % issu de forêts françaises qui est reconnu pour sa qualité supérieure au bois de chêne. Présents chez de nombreux professionnels, leurs produits sont également accessibles aux particuliers. 

Le savoir-faire autour du bois n’est pas uniquement ancré dans la tradition : ainsi la marque Blomus présente dans sa collection 2022 des accessoires en bois autour de la cuisine (Ro : moulin à épices, Zen : planches à découper/plateaux, etc.), inventés par Theresa Rand et David Meyer, 2 jeunes designers allemands. Le bois utilisé provient de forêt FSC. 

L’ARTISANAT À TOUT PRIX 

« Nous le constatons chaque jour en magasin, l’artisanat et les savoir-faire regagnent le cœur des consommateurs grâce aux marques qui sont toujours plus créatives avec de belles matières, des maisons différenciantes avec un large choix, confie Annick Boucher, acheteuse senior et à la direction du département maison des Galeries Lafayette Haussmann. 

Vue du showroom AFC et des nouveautés en bois d’olivier

La tendance est présente depuis quelques saisons déjà et s’accélère ces derniers temps grâce à de nombreuses propositions. L’artisanat et le savoir-faire newsletters qui expliquent le bois en cuisine : quelle essence privilégier pour une planche ?



Est-ce que le bambou c’est bien ? Bref, il faut être pointu, se montrer curieux et oser informer et surprendre ses clients. L’artisanat va avec la logique du local, de l’écologie voire du zéro déchet. À chacun de tirer (marques et boutiques) son épingle du jeu. »

SAVOIR-FAIRE ET ARTISANAT

L’artisanat est intimement lié au savoir-faire des artisans et des entreprises qui pensent et fabriquent les ustensiles et les produits de l’art de la table. Pour les couteliers, le savoir-faire est la clé d’un couteau de qualité : chez Kotai, des techniques japonaises ancestrales sont utilisées, comme le “tsuchime” pour créer des petites bulles d’air sur la lame. 

De son côté, la Coutellerie Robert David utilise 6 bois différents pour ses couteaux de table et l’entreprise Roland Lannier a créé une poignée à partir d’autocollants de vin et de capsules en aluminium. Pour la coutellerie Claude Dozorme, le savoir-faire couvre toutes les étapes de fabrication de couteau, qui sont toutes réalisées dans son usine de Thiers. 

Pour le cookware, l’expérience et le savoir-faire sont au service du succès : Cristel bénéficie de 180 ans de savoir-faire, Agnelli a créé le Manuel des instruments de cuisson du Centre de Recherche et Formation Saps Agnelli Cooking Lab qui explique les différents mécanismes de leurs différents instruments. 

Lacor, avec ses 70 ans d’expérience, bénéficie d’une unité de fabrication de plus de 10 000m2 en Espagne, enfin chez le fabricant italien Olympia les ustensiles de cuisine sont finis à la main à Brescia. 

Billot en hêtre brut de ponçage et 2 montures en fonte d’inox, Mauviel 1830. Prix de vente conseillé : à partir de 359,90 €
Mortier en bois d’olivier et béton, Bérard France. Prix de vente conseillé : 130 €

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BOIS : APPELLATION N’EST PAS RAISON

Les appellations FSC et PEFC répondent à des normes strictes d’un point de vue environnemental et social (gestion durable des forêts, engagement d’améliorations, etc.). Néanmoins, si le produit est issu d’un bois sans appellation, il n’est pas nécessairement mauvais pour autant : certains produits ont une écoresponsabilité forte, comme chez AFC, qui utilise du bois de coupe d’oliviers toujours vivants pour les préserver, là ou une appellation nécessiterait un abattage strict de l’’arbre.

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La collection Deco en bois d’acacia est inspirée par les années 1920, T&G Woodware


Le Régal, pelle de dégustation en bois de chêne. Prix de vente conseillé : 53,90 €
La collection Nature de Peugeot valorise le veinage du bois grâce à une étape de sablage mécanique. Prix de vente conseillé : à partir de 29,90 €










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CÉRAMIQUE : LE NOUVEAU CHIC 

Dans cette mouvance qui prône un retour aux savoir-faire et à l’artisanat, on observe le retour du mot manufacture. « Le style artisanal est présent en cuisine depuis ces 10 dernières années, complète Tiphaine Chouillet, du studio de design La Racine. On parle de courant ou de tendance kraft. Mais celui-ci était devenu industriel au point même qu’il soit difficile pour le consommateur de s’y repérer car comment savoir ce qui est fait à la main ou non ? Actuellement, l’idée pour certaines marques et maisons est plutôt de repasser de l’industriel vers le kraft.

 Cela se traduit par un retour ou une revalorisation d’étapes faites à la main. On parle alors de manufacture et c’est ce qui est beau dans le savoir-faire français. Sur notre territoire, nous avons beaucoup de maisons qui s’inscrivent dans cet esprit comme Émile Henry. » De fait, chez cette dernière, si les produits sont faits grâce à des moules, de nombreuses étapes sont encore manuelles et impliquent le geste d’artisans. « Il y a les façonneurs qui coulent la pâte dans chaque moule, les temps de séchage successifs de la céramique conçue à partir de matières naturelles, l’émaillage fait à la main qui donne la couleur, puis le temps de cuisson qui fait la résistance de nos produits, explique Marion Ouldboukhitine, chargée de communication et de trade marketing chez Émile Henry. Face à un monde incertain et changeant, les consommateurs opèrent un retour à l’authenticité et cela bénéficie à la céramique.

Depuis 2 ans, nous observons une nette progression de nos ventes et cela concerne toutes nos gammes même si trois produits se détachent nettement comme le plat à tagine, notre gamme de plats à four et les moules à pain. » La manufacture Revol, fondée en 1768, bénéficie également de ce regain d’intérêt. « Nous plaçons la main de l’Homme au cœur de notre processus d’innovation, rappelle Oliver Passot, président de la maison. Nos expertises artisanales et industrielles combinées laissent libre court à une créativité sans pareille stimulée par notre Lab ou des collaborations passionnantes avec des designers.

 Ce dialogue constant permet à Revol de repousser sans cesse ses limites et de se positionner ainsi comme un acteur pionnier dans l’univers des arts de la table comme avec la nouvelle collection Yli imaginée par le designer Ferréol Babin qui renoue avec la terre pour révéler pleinement son caractère brut et primitif. » Pour ce dernier, qui travaille le bois depuis 7 ans, le travail de l’argile s’est imposé comme une évidence. « J’ai étudié au Japon et ce pays m’a ouvert les yeux sur l’importance du matériau naturel, le travail lent, la connexion à la nature, explique Ferréol Babin.

C’est aujourd’hui le cas pour de plus en plus de créateurs, mais est-ce une mode ou quelque chose de plus profond ? Pour moi, c’est ma vie, mon projet est de créer un pont entre industrie et atelier. » Dont acte, pour Revol, celui-ci a sculpté la matière directement à la main, ou avec des outils qu’il a lui-même façonnés. Des moules ont ensuite été créés permettant de reproduire ces pièces uniques faîtes main en plus en grand nombre. Aussi, la céramique peut être utilisée pour éviter les échauffements provoqués par d’autre matériaux. 

Par exemple Crushgrind propose des mécanismes en céramiques pour les moulins à épices ou à café. Ces moulins, avec de nombreux design autour du bois ou des matières en bio composite, sont distribués en France par Antoine Hosseini de Plan B. Ces mêmes mécanismes sont utilisés pour les moulins à café en bois de Atelier PEV. 

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Collection de plats en céramique Peugeot coloris safran. Prix de vente conseillé : à partir de 23,90 €
Collection Wabi par Jars, inspirée de la philosophie japonaise Wabi Sab










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MAISON HENRY : UN NOUVEAU CONCEPT QUI VALORISE L'ARTISANAT

 Ouvert en septembre 2021, à Lyon au 18 rue de Brest, ce nouveau lieu de vente Émile Henry est unique en France. De fait, celui-ci propose une sélection de produits exclusivement fabriqués dans l’Hexagone avec des marques partenaires, sans plastique, à partir de matériaux sains.

 Aux côtés d’Émile Henry, place à un corner de la marque Jars (qui appartient au même groupe), réalisé par l’architecte Jean-François Gromaire et aux créations de manufactures françaises travaillant sur le même credo : le respect d’un savoir-faire ancestral couplé à une capacité d’innovation remarquable pour imaginer des objets intemporels, durables et robustes. 

On retrouve ainsi les marques Cristel, De Buyer, La Rochère, Opinel, Staub auxquelles s’ajoutent Fer à cheval, Andrée Jardin, Filt, Déglon, et Le Régal. Ici, l’heure est à la valorisation de l’artisanat et des savoir-faire de chacune des maisons via de la PLV dédiée et l’équipe de vente. Le must : pour la première fois, Émile Henry permet de se créer un service de table sur-mesure avec un choix de 23 couleurs et un délai de fabrication de 4 semaines. 

Loin de l’expérience anonyme et de la suroffre du shopping en ligne, Maison Henry croit plus que jamais au moment passé dans un vrai magasin : à l’échange, au toucher et à la découverte. 


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