Dossier

Trois questions à Guy Bourgeois

01 mars 2017

Après 15 années passées à la présidence de la CAT, Guy Bourgeois a accepté de revenir sur les fondements de cette organisation professionnelle, son bilan et les enjeux de la distribution spécialisée dans les années à venir.

Quand et pourquoi la CAT a-t-elle été créée ?

 Le Comité des arts de la table a été fondé dans les années 50, par les fabricants haut de gamme pour favoriser leur développement. Dans les années 90, la profession a dû faire face à l’évolution des mœurs et à la disparition progressive des listes de mariage, au début de la mondialisation. Face à ces enjeux, nous avons été quelques-uns à nous réunir et à prendre conscience de la nécessité de nous organiser pour continuer à exister et, si possible, maintenir notre marché. Ce petit groupe a décidé de reprendre le Comité des arts de la table, qui malgré quelques difficultés, avait le mérite d’exister. Notre première tâche fut de boucher le trou financier et de redéfinir le périmètre et les objectifs de l’organisation. Nous avons donc ouvert le Comité des arts de la table à l’ensemble de la profession, tous secteurs et gammes confondus : haut de gamme, bas de gamme, table, cuisine, décoration, etc. Nous devions, tous, faire face aux mêmes enjeux ! Notre objectif était d’organiser notre métier et agir sur notre marché. Pour cela, nous devions disposer d’études chiffrées, toucher les consommateurs et représenter les arts de la table auprès des journalistes, des pouvoirs publiques et des représentants de la gastronomie, etc. Le financement du CAT a alors évolué vers des cotisations volontaires. Mais, deux ans après, il était nécessaire de trouver un financement plus pérenne et plus large pour ne pas apporter de distorsion dans la concurrence, entre autres, vis-à-vis des produits importés. L’occasion s’est trouvée en demandant l’élargissement de la taxe déjà payée par les orfèvres à l’ensemble de la profession. En 2004, le Comité des arts de la table est devenu la Confédération des arts de la table, permettant, ainsi, aux organisations existantes de nous rejoindre pour porter la demande de l’élargissement de la taxe devant les pouvoirs publiques. Depuis, nous nous sommes rapprochés du Comité Francéclat, avec lequel nous agissons conjointement pour la profession.

Quelle fierté tirez-vous de votre bilan ? 

Si la question se résume à “est-ce que chaque adhérent, à titre individuel, a profité des actions communes menées par la CAT ?”, j’ai tendance à répondre oui. Même s’il est toujours possible de regretter que ce ne soit jamais suffisant, personne ne peut savoir ce qui serait advenu sans les actions menées par la CAT. Nous avons mis en œuvre des initiatives collectives qui profitent à tous : études statistiques (I+C) et sociologiques (“quand c’est beau c’est bon”, “les nouvelles façons de recevoir”, etc.), une communication nationale (TV, radio, presse), des animations terrains (Grand prix des arts de la table, l’opération “Videz vos placards”, etc.). A mon sens, une organisation professionnelle ne peut exister sans rendez-vous permettant aux professionnels de se rencontrer, d’échanger, de réfléchir ensemble à leur devenir. Organisé tous les deux ans à Orléans, le colloque est aujourd’hui un rendez-vous attendu par la profession. Et je reste persuadé que dans les années à venir, les professionnels des arts de la table ne pourront continuer à exister que collectivement. C’est grâce à la CAT que l’on parle des arts de la table, que la profession existe en tant que telle et nous avons, ainsi, évité de devenir un accessoire parmi d’autres organisations professionnelles.

Quels sont, selon vous, les enjeux de la distribution spécialisée en arts de la table ces prochaines années ?

 Longtemps protégé par la liste de mariage, notre secteur a dû faire face ces dernières années, comme d’autres précédemment, à la concurrence accrue des chaînes de grande distribution alimentaire et spécialisées, des discounters et du e-commerce. Un phénomène commun aux différents marchés du commerce, mais qui est arrivé plus tardivement dans les arts de la table. Mais, dans le contexte actuel de fort intérêt du consommateur pour nos produits (pour preuve les émissions de télé sur la cuisine, la pâtisserie, la décoration, etc.), je pense que la distribution spécialisée a encore un bel avenir. Nos produits sont porteurs de valeurs, ils s’intègrent parfaitement dans l’art de vivre à la française et nécessitent d’être vendus par des connaisseurs et passionnés. S’adapter, intégrer les donnes actuelles, arrêter de vouloir tout faire et, au contraire, se spécialiser par type de produits et par gammes, devrait permettre à chacun de trouver sa place dans le paysage de la distribution française. 


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